Faut-il craindre les édulcorants ?

Faut-il craindre les édulcorants ?

Depuis plusieurs décennies, on nous bassine avec le “light”. Soda light, yaourt light et même bonbons light (un comble). Facile : il suffit de remplacer le sucre par des édulcorants (qui coûtent moins cher en général) et profiter de l’habitude qu’ont les consommateurs de payer un certain prix pour un produit et du fait qu’ils vont percevoir une plus grande valeur dans un produit aussi bon au goût mais avec moins de sucre (donc potentiellement meilleur pour leur santé), on va donc pouvoir leur vendre plus cher. Et hop, on a doublé les marges ! Sympa pour les actionnaires des géants de l’agroalimentaire, mais concrètement, quels sont les risques pour notre santé ?

Déjà, c’est quoi un édulcorant ?

Les édulcorants sont des composés chimiques ou naturels utilisés pour sucrer les aliments et les boissons sans sucre ou substance contenant du sucre (miel, sirop d’érable, sirop de fructose…). Je vous parlerai une autre fois du HFCS (High Fructose Corn Syrup), très utilisé aux Etats-Unis, qui fait que 40% des américains ont le foie gras comme un canard juste avant Noël, mais revenons à nos moutons.

On les divise en deux catégories : d’un côté les édulcorants artificiels tels que l’aspartame, le sucralose ou la saccharine, de l’autre les édulcorants naturels comme la stévia ou le xylitol.

Les édulcorants et la santé : que dit la science ?

Les recherches sur les édulcorants et leurs effets sur la santé humaine sont vastes et parfois contradictoires. Une étude publiée dans le “Journal of the American College of Cardiology” (2020) a montré que la consommation excessive d’édulcorants artificiels pourrait être associée à un risque accru de maladies cardiovasculaires. Cependant, l’OMS (Organisation Mondiale de la Santé ) reconnaît certains édulcorants comme sûrs pour la consommation dans les limites de l’AJA (apport journalier acceptable ), soulignant l’importance de la modération.

Autant dire qu’ils ne se mouillent pas trop et préfèrent rester prudents car ils n’ont pas vraiment de recul par rapport à de nombreuses substances, dont les conséquences pour la santé pourraient ne se révéler qu’après plusieurs décennies d’exposition. En gros, wait and see

Impact des édulcorants sur le poids et le métabolisme

L’un des principaux avantages revendiqués des édulcorants est leur capacité à aider à la gestion du poids. Toutefois, des recherches publiées dans “Cell Metabolism” (2019) suggèrent que certains édulcorants pourraient interférer avec les mécanismes de régulation de l’appétit, conduisant potentiellement à une augmentation de la sensation de faim et, à terme, à une prise de poids. Parmi les explications souvent entendues, celle selon laquelle notre cerveau communique avec notre estomac + intestin (qui est équipé de millions de neurones lui aussi) et lui transmet un message lorsqu’on ressent qu’un aliment est sucré. Or, avec les édulcorants, on ressent le goût du sucre mais il n’y en a pas. Ca peut peut-être créer des malentendus entre notre estomac + intestin et donc brouiller notre sentiment satiété et/ou notre digestion.

D’autres études indiquent que les édulcorants n’affectent pas significativement le poids corporel lorsqu’ils sont consommés avec modération. Cela irait dans le sens du bon vieux principe selon lequel toute substance comestible ne fait pas de mal dès lors qu’elle est consommée avec modération.

Les édulcorants peuvent-ils favoriser le diabète ?

La relation entre édulcorants et diabète est complexe. Alors que ces substituts du sucre sont souvent recommandés pour les personnes diabétiques, certaines recherches, comme celles parues dans “Nature” (2014), ont mis en lumière que la consommation excessive d’édulcorants pourrait perturber la glycémie et favoriser l’intolérance au glucose. Cependant, ces résultats ne sont pas universels et nécessitent des études supplémentaires pour des conclusions définitives (pareil, on ne se mouille pas).

Là encore, beaucoup soupçonnent la dissonance entre la perception de sucre et l’absence de sucre dans la réalité, de brouiller le mécanisme de génération d’insuline et donc d’accentuer le risque de diabète de type 2.

Le microbiote menacé par les édulcorants ?

L’impact des édulcorants sur le microbiote intestinal, cet écosystème complexe de micro-organismes vivant dans le système digestif humain, est un sujet de recherche intensif et en pleine expansion. D’ailleurs on parle beaucoup de notre intestin depuis le livre (excellentissime) de Giulia Enders “Le Charme discret de l’intestin”.

Les études scientifiques suggèrent que les édulcorants, notamment artificiels tels que l’aspartame, le sucralose et la saccharine, peuvent altérer la composition du microbiote de manière significative.

Une étude publiée dans la revue “Nature” en 2014 a révélé que la consommation de certains édulcorants artificiels induit des modifications de la flore intestinale associées à une altération de la tolérance au glucose, soulignant un lien potentiel entre la consommation d’édulcorants, les changements dans le microbiote et le risque accru de troubles métaboliques.

Ces modifications microbiotiques peuvent entraîner une dysbiose, un déséquilibre dans le microbiote, qui est associé à une variété de problèmes de santé, y compris l’obésité, le diabète de type 2, et les maladies inflammatoires intestinales.

Des recherches ultérieures ont suggéré que les effets des édulcorants sur le microbiote pouvaient varier en fonction de la dose et du type d’édulcorant, ainsi que de la composition initiale du microbiote de l’individu : évidemment, tout dépend de ce qu’on a dans le ventre !

Conclusion : édulcorants ou pas ?

Comme toujours, si on n’en consomme pas trop, a priori, ça devrait bien se passer. Mais au-delà de la simple notion de quantité consommée, il y a l’habitude de consommer des aliments au goût sucré, et en particulier des sodas. C’est une très, très mauvaise habitude à donner aux plus jeunes. Et donc comment ne pas leur donner cette habitude en tant que parent ? Tout simplement en n’en consommant pas soi-même. L’exemple est la meilleure des méthodes d’éducation (et peut-être la seule qui marche).

Pour moi, un coca est un médicament… Et c’est très utile dans des pays à risque pour éviter la tourista (je le prends alors sans édulcorants, pas envie que mon cerveau et mon estomac s’embrouillent), mais à part ça, non merci.

Et vous, vous en pensez quoi ?

Margaux

A propos...

Margaux Lebrun

Etudiante en marketing et psycho, fan de cuisine. Je n'ai pas ma langue dans ma poche.

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